Chantale Roy

Chantale Roy
Enseignante au Collège Éducacentre (Programme en Santé, Nutrition holistique)
Diplômée en enseignement en sciences de la santé et en art culinaire

Prix alimentaires élevés?
C’est le temps de retrouver le plaisir de cuisiner!

Child and man singing with vegetables

Le mois de mars, celui de la nutrition, donne à coup sûr l’occasion de réfléchir à cet aspect plus qu’essentiel de la vie. Par les temps qui courent, pour bien des ménages, ce mot évoque un nouvel équilibre budgétaire à atteindre en raison de la forte inflation qui règne au pays. Il ne faudrait pas pour autant réduire la qualité de ses repas.

Le prix du panier d’épicerie a grassement augmenté, certes, et peut-être que le temps est venu pour que chacun puisse apprendre à  cuisiner. Ceci permettrait  de limiter l’achat de prêt-à-manger et de maximiser la valeur des aliments qu’on achète pour cuisiner soi-même. Ce geste quotidien, tantôt adoré, tantôt détesté, qui comporte de nombreux avantages, peut être exécuté sous le signe du plaisir. Cela contribuera à développer la motivation fondamentale pour cuisiner.

Prix des aliments en 2022

D’un océan à l’autre, on constate que le coût des aliments a bondi récemment. Pénurie de main d’œuvre, chaîne d’approvisionnement perturbée, instabilité sociale sont au nombre des enjeux actuels qui ont des effets jusque sur notre facture d’épicerie. 

Le rapport annuel sur les prix alimentaires 2022 des Universités Dalhousie, Guelph, de la Saskatchewan et de la Colombie-Britannique indique que ceux-ci pourraient augmenter de 5 à 7 % cette année au Canada. Ainsi, la facture annuelle d’épicerie d’une famille de 4 pourrait grimper autour de 14 700 $, soit une augmentation de 966 $ par rapport à 2021. 

PRÉVISIONS DU PRIX DES DENRÉES ALIMENTAIRES POUR 2022

TABLEAU 7 : EXEMPLES DE MÉNAGES CANADIENS ET PRÉVISIONS DE DÉPENSES ALIMENTAIRES ANNUELLES 2022

Source : Food Price Report 2022 FR.pdf (dal.ca) 

Entre impuissance et action

La pandémie, les coûts de transport élevés, la réduction de la capacité de transport maritime, les carences de main d’œuvre, les sécheresses, les feux de forêts et les inondations font partie de la liste des causes de cette hausse des prix alimentaires. Le consommateur a bien peu de contrôle sur ces facteurs, mais il peut agir sur ce qu’il mettra dans son panier. Une meilleure planification de sa liste d’épicerie sera à son avantage. En misant sur des ingrédients et aliments de base, de saison, en solde et permettant d’être intégrés à plusieurs recettes, il en sortira gagnant. Évidemment, il devra s’engager à accorder un peu de temps à la cuisine maison. 

Et si cela devenait un plaisir plutôt qu’une corvée?

Parfois, par nécessité, on s’ouvre à de nouvelles avenues qui s’avèrent salutaires. Pour certains, ouvrir son frigo est comme ouvrir un studio d’art où l’agencement de quelques aliments sera un processus créatif et gustatif hautement satisfaisant. Pour eux, cuisiner ses propres repas est naturellement une agréable récompense. Pour d’autres, ce sera, à priori, un casse-tête ou une page blanche qui fera grincer des dents. Alors comment faire en sorte que cette nouvelle « obligation » se transforme en rituel quotidien « sans douleur »?

Par où commencer?

D’abord, se lancer dans toute nouvelle activité devrait s’accompagner d’une réduction des attentes; si on exige de soi 5 étoiles Michelin dès ses débuts, cela pourrait générer du stress inutile. Pourquoi ne pas tout bonnement se faire une liste de 10 plats qu’on aime d’emblée? Prenons l’exemple d’une famille typique :

  • Smoothie matinal
  • Gruau
  • Salade repas
  • Soupe repas
  • Tofu, riz et légumes
  • Sandwich pita houmous/végépâté maison
  • Pizza (pâte maison)
  • Pâtes entières, sauce tomate-légumes-lentilles
  • Assiette indienne : dahl et cari
  • Burger avec boulette maison de légumineuses, frites maison au four et salade
  • Etc.

Disons que ce répertoire évoluera et s’enrichira au fil du temps, suivant les saisons et les goûts de chacun.

Rationaliser les décisions alimentaires

Certains auteurs, comme le psychologue social Roy Baumeister vantent l’importance de réduire le nombre de décisions à prendre dans une journée. Ainsi, pour certaines familles, déterminer à l’avance ce qui sera au menu pendant la semaine allègera cette charge mentale, en plus de faire maigrir la facture d’épicerie. Il restera à trouver les recettes nécessaires à la réalisation de ces repas puis à faire la liste d’épicerie en conséquence.

L’Internet est une mine d’or d’idées de recettes, mais l’entourage aussi. De plus, la famille et les amis connaissent nos goûts et ont peut-être déjà éprouvé des recettes qui sauront nous convenir.

Une fois les ingrédients rassemblés, il faudra planifier les moments « cuisine ». Plusieurs recettes peuvent être faites à l’avance et se rendent disponibles à assembler et/ou à réchauffer au moment venu.

Contradiction et espoir

Comme dans toute chose, l’enthousiasme du débutant peut s’atténuer en se confrontant à la réalité. Ainsi, au début de la pandémie, de nombreux ménages faisaient leur propre pain, tout en commandant souvent de la nourriture du restaurant, comme l’indique Les contradictions du consommateur du sondage Deloitte sur « l’avenir de l’alimentation : une perspective canadienne ». Toutefois, ce même sondage donne de l’espoir quant à la transformation des comportements : 

« Parmi les consommateurs canadiens interrogés, 66 % à 72 % chez les personnes âgées de 35 à 54 ans affirment préparer plus de repas à la maison que l’année précédente, et 36 % cuisinent davantage également. En fait, 63 % des personnes interrogées préparent un souper dans sa totalité entre 4 et 6 fois par semaine, les consommateurs âgés de 55 ans et plus et les habitants du Canada atlantique étant encore plus susceptibles de le faire (70 %, 68 % et 67 % respectivement). Cette tendance rassemble les ménages, qui partagent les repas et échangent de nouvelles idées de menus : 48 % des consommateurs déclarent recevoir des suggestions en matière de nourriture de leur famille, tandis que 47 % font des recherches en ligne et 38 % recherchent des idées auprès de leurs amis. » 

Cuisiner, ça s’apprend!

Être organisé et outillé est un gage de succès et de durabilité. Maîtriser les rudiments de l’art culinaire, même pour une cuisine familiale, est un cadeau à se faire. Par exemple, le Collège Éducacentre offre un programme de nutrition holistique dont le cours « Conception culinaire » est aussi offert à la carte. Voici les thèmes explorés dans ce cours :

Semaine 1 : s’organiser
Semaine 2 : s’outiller
Semaine 3 : affiner ses connaissances et habiletés
Semaine 4 : savoir créer
Semaine 5 : conversion vers la cuisine saine
Semaine 6 : conversion vers la cuisine végétale
Semaine 7 : conversion vers une cuisine adaptée aux enjeux sociaux
Semaine 8 : conversion vers une cuisine pour un mode de vie actif
Semaine 9 : conversion vers une cuisine adaptée aux enjeux de santé
Semaine 10 : conversion vers une cuisine du futur et pour sauver la planète
Semaine 11 : techniques d’enseignement de l’art culinaire
Semaine 12 : démonstration culinaire de cuisine végétale
Semaine 13 : démonstration culinaire de cuisine crue
Semaine 14 : démonstration culinaire de chocolat, desserts et cuisine festive
Semaine 15 : bienfaits de cuisiner pour les autres

Facteurs de motivation sous-jacents

une étudiante à la maison suite des études de nutrition en ligne

Par ailleurs, il existe bien d’autres moyens de développer sa motivation pour cuisiner. Par exemple, c’est très motivant de savoir que sa cuisine fera plaisir aux autres, à sa tablée comme à ses proches. La fraîcheur, la qualité des ingrédients, le contrôle sur le sel et autres ingrédients qu’on préfère éviter comme les additifs et agents de conservation sont, pour leur part, des incitatifs non négligeables au désir de sortir son tablier. 

Faire équipe avec une autre personne ou une autre famille pourrait avoir un effet exponentiel de motivation : chacune double ou triple une recette et échange un plat avec l’autre pour ajouter de la variété au menu de la semaine. Ceci pourrait mener à de belles découvertes culinaires.

On peut aussi créer des conditions gagnantes lorsqu’on cuisine : mettre de la musique, un balado ou établir une entente « vaisselle-cuisine » avec un autre membre de la maisonnée! Savoir d’avance qu’on n’aura pas besoin de laver la vaisselle après avoir cuisiné donne des ailes… 

Le sentiment d’autonomie que cette activité procure alimente aussi l’envie de se faire à manger. Mettre à l’agenda d’une journée de congé peut devenir une source de détente et de créativité, un moyen d’occuper son temps positivement, d’économiser, redisons-le, et même de réduire son empreinte écologique. Les multiples entreprises de boîtes-repas poussent comme des champignons et permettent d’apprivoiser la cuisine maison. Toutefois, la majorité d’entre elles multiplient aussi les emballages. Même si des efforts sont mis pour utiliser des matières compostables ou recyclables, celles-ci ne le sont pas toujours dans la réalité; par exemple, peu de recycleurs se chargeront du plastique des blocs réfrigérants et des boîtes de papier doublées d’aluminium.

Précisons qu’il n’est presque jamais trop tôt ni trop tard pour mettre la main à la pâte! Avec discernement et de façon sécuritaire, on peut déléguer de petites tâches aux tout-petits. Les enfants qui cuisinent des bouquets de brocoli sont souvent plus enclins à y goûter avant ou pendant le repas… Les plus grands voudront peut-être joindre l’utile à l’agréable en faisant des mathématiques avec les liquides à mesurer (fractions, résolution de problèmes, etc.).

Recette facile : Smoothie à la camerise

Smoothie de Camerise

Photo: Chantale Roy

Voici une recette de smoothie du matin à la camerise qui pourrait faire partie du répertoire de certains apprentis cuisiniers :

Ingrédients :

1 3/4 de lait d’avoine bien frais (ou 1 3/4 tasse d’eau + 1 c. à thé de beurre d’amande)

3 c. à soupe de graines de chanvre (ou plus)

2 c. à soupe de graines de lin moulues (ou plus)

1 banane

1/2 tasse de camerises congelées (ou plus)

4-5 dattes dénoyautées

Préparation :
Broyer tous les ingrédients dans un mélangeur à haute vitesse. Déguster immédiatement.

En conclusion, puisque nous sommes plus que jamais appelés à faire preuve de résilience en cette époque riche en émotions fortes, devenir à l’aise en cuisine et surtout motivés à cuisiner sont de précieux atouts! La récompense ultime apparaît dans l’assiette de la personne qui cuisine. Faire ses armes en la matière permettra non seulement de réduire sa facture d’épicerie, mais également de s’ouvrir à d’autres horizons. Depuis quelques années, les émissions et les livres de cuisine sont extrêmement populaires. Le temps est peut-être venu d’aller au-delà de l’inspiration, soit d’y accorder concrètement une place d’honneur dans son quotidien en devenant son propre chef vedette à la maison! 

Bibliographie

Agence Deloitte Canada. (2021). L’avenir de l’alimentation : une perspective canadienne

L’avenir de l’alimentation : une perspective canadienne – Les contradictions du consommateur – Sondage sur la consommation alimentaire 2021 (deloitte.com)

Université Dalhousie, Université Guelph, Université de la Saskatchewan, Université de la Colombie-Britannique. (2021). Rapport annuel sur les prix alimentaires. Food Price Report 2022 FR.pdf (dal.ca) 

Collège Éducacentre. Nutrition holistique. Nutrition holistique – Collège Éducacentre (educacentre.com) 

Gagnon, K. (5 octobre 2019). Crouler sous les emballages. La Presse. Crouler sous les emballages | La Presse 

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